Non contents de repousser les limites de la lutte antivectorielle, les Vector Labs de Vestergaard-NMIMR sont déterminés à atteindre de nouveaux sommets en matière de collaboration de recherche, de développement du personnel et d’égalité des sexes.

En 2012, Felicia Dorlah a terminé ses études à Accra, la capitale ghanéenne, et a postulé à un emploi aux laboratoires vectoriels Vestergaard-NMIMR (LVVN). Elle était loin de se douter que ce serait les débuts d’un voyage personnel enrichissant.

Après avoir travaillé un an comme réceptionniste, Mme Dorlah a entamé un diplôme de deux ans dans le management et les études administratives à l’université centrale du Ghana, entièrement financée par Vestergaard. Depuis, elle est passée assistante administrative aux LVVN et va bientôt débuter un nouveau parcours en comptabilité et finance.

«En rejoignant cette entreprise, j’ai pu lancer ma carrière et travailler sur mon développement personnel», explique-t-elle.

Le renforcement des capacités est au cœur des LVVN : collaborations de recherche, partenariats, partage de connaissances, ainsi que le développement personnel de l’équipe administrative et scientifique.

Pour Rebecca Pwalia, assistante de recherche en chef aux LVVN, un moment marquant a été la participation à la conférence de l’association panafricaine de lutte contre les moustiques (Pan-African Mosquito Control Association, PAMCA) et la visite des centres de tests KCMUCo-PAMVERC à Moshi, Tanzanie, en 2018.

L’établissement en Tanzanie est certifié par l’OMS pour bonnes pratiques de laboratoire, une condition nécessaire pour les laboratoires qui testent et commercialisent de nouveaux produits de lutte anti vectorielle.

C’était vraiment très intéressant. Nous avons pu en apprendre plus sur le fonctionnement de l’insectarium, ainsi que sur les processus utilisés pour obtenir cette certification», explique Mlle Pwalia.

Mettre en avant le rôle des femmes

Mlle Pwalia et Mlle Dorlah font partie d’une équipe de management 100 % féminine au sein du LVVN. C’est un plus pour elles, d’autant que dans ce secteur, les hommes occupent la majorité des postes de direction.

«Vestergaard fait au mieux pour encourager les femmes à se lancer dans les sciences. Nous avons des chances égales d’occuper des postes de direction, et nos idées sont les bienvenues», explique Mlle Dorlah.

Le rapport de l’OMS, Africa’s Women in Science, cite des données de l’UNESCO datant de 2013 qui indiquent que sur tous les chercheurs employés en R&D en Afrique subsaharienne, seuls 30 pour cent sont des femmes. Avec une équipe de 7 femmes et 7 hommes, les laboratoires vectoriels Vestergaard-NMIMR font de leur mieux pour assurer la parité.

D’après le rapport, l’inégalité a de désastreuses conséquences sur ce secteur.

«Le manque de femmes scientifiques va souvent de pair avec le manque de diversité de perspectives. Celle-ci est essentielle pour aborder les dimensions de genre et le fardeau des maladies vectorielles, qui, bien souvent, affectent disproportionnellement les femmes.»

Mlle Pwalia explique que les femmes ont besoin de modèles pour faire entendre leur voix: «Si vous n’avez pas de mentor, vous ne pouvez pas avoir suffisamment de confiance en vous pour vous lancer dans certains domaines. Avoir des contacts est essentiel, surtout dans ce domaine.»

Mlle Pwalia a bénéficié de soutien de la part de femmes d’autres pays africains dans un groupe de lutte antivectorielle, créé en 2018 lors de la conférence PAMCA annuelle. Cette initiative fait suite à une réalisation que très peu de femmes étaient présentes à cet événement.

Elles partagent régulièrement leurs expériences, leurs challenges et leurs opportunités de développement professionnel.

« À notre petite échelle, nous essayons de nous encourager mutuellement. Nous sommes toutes devenues des championnes de la lutte anti vectorielle dans nos pays respectifs. »

Tutorat et collaboration

Les LVVN accueillent régulièrement chercheurs et visiteurs d’autres pays africains. Le laboratoire a formé des étudiants en Master du Programme régional africain d’études supérieurs en science des insectes (African Regional Postgraduate Programme in Insect Science, ARPPIS), mais a aussi accueilli des étudiants ghanéens qui doivent prendre part à une année de service national à la fin de leurs études.

Pour Mlle Pwalia, de nouvelles perspectives apportent de nouvelles opportunités: «Les étudiants peuvent s’intéresser à une certaine résistance aux insecticides, ou à un nouveau marqueur génétique. En faisant ce travail, nous apprenons ensemble.»

Les LVVN collaborent également avec des entités extérieures, ce qui peut mener à de passionnantes découvertes. L’établissement travaille actuellement avec une technologie développée à la Liverpool School of Tropical Medicine (LSTM), pour capturer en vidéo les mouvements des moustiques qui entrent en contact avec des matériaux insectifuges.

Nous enregistrons également la durée de survie du moustique après exposition, s’il peut pondre des œufs après avoir été nourri de sang. Nous n’avons jamais rien fait de tel », explique Mlle Pwalia.

Tracer l’avenir

Le Programme national de lutte contre le paludisme (National Malaria Control Program, NMCP) du Ghana est l’un des alliés clés de Vestergaard en Afrique. Otubea Owusu Akrofi, l’entomologiste résidente du programme, explique que ce partenariat est bénéfique pour chacun.

Vestergaard fournit le personnel et l’insectarium LVVN, ce qui permet à l’équipe de produire des données et cartographier la résistance aux insecticides.

«Nous avons quasiment sept ans de données sur le partenariat pour la résistance aux insecticides. Ceci prouve qu’ils ont été d’un immense soutien», commente Mme Akrofi.

Les LVVN soutiennent aussi le partenariat ghanéen national de contrôle de la résistance aux insecticides (Ghanaian National Insecticide Resistance Monitoring Partnership, NIRMOP) dans ses activités annuelles de surveillance de la résistance, en offrant des matériaux de tests ainsi que le laboratoire comme lieu d’entrainement pour les équipes de terrain.

À travers ces collaborations, Vestergaard profite d’une vue d’ensemble sur les projets de lutte antivectorielle actuels au Ghana, mais aussi sur ceux à venir.

Mme Akrofi souhaiterait voir plus de femmes dans le domaine de la science et de l’entomologie, et plus d’entomologistes jouant un rôle clé dans la lutte antivectorielle. «On n’insiste jamais assez sur l’importance du renforcement des capacités», explique-t-elle.

Elle est convaincue que les prochains efforts dans la lutte contre le paludisme reposeront sur des nouveaux talents inspirants et responsables: «Nous devons mettre en place des programmes de bourses d’études pour ceux qui sont déjà dans ce domaine, et des programmes d’apprentissage pour ceux qui souhaitent l’intégrer.»

«Les projets de renforcement des capacités offrent une nouvelle perspective sur l’entomologie, la lutte antivectorielle et le travail effectué par Vestergaard, et en font un domaine très attrayant.»