(article mis à jour le 18 Aout 2020)
Que se passe-t-il quand les secteurs publics et privés se donnent la main ? En capitalisant sur les forces des deux secteurs, il devient possible de faire face aux problèmes qu’aucun des deux secteurs n’auraient pu résoudre seul. En plein cœur de la pandémie du COVID-19, l’Inde offre un bel exemple de la valeur apportée par les partenariats public-privés dans la lutte contre le paludisme.
Il convient de réfléchir aux bénéfices que les partenariats public-privé (PPP) peuvent apporter.
Une arme puissante contre le paludisme
Sur la scène internationale, nous sommes à la croisée des chemins. Après une décennie de progrès ininterrompus dans la lutte contre le paludisme, le taux global d’incidence a initié sa descente entre 2014 et 2018. Depuis lors, la cadence de ce progrès stagne. Nous avons également assisté à l’augmentation de l’incidence du paludisme dans certaines zones, largement attribuée à la résistance aux insecticides. Les progrès accomplis ces 15 dernières années sont aujourd’hui directement menacés par la pandémie du COVID-19. Comment protéger les gains acquis et maintenir la dynamique dédiée à l’élimination du paludisme ? Nous devons concentrer nos efforts sur l’ensemble de l’Inde mais avec une attention particulière portée au contrôle des nouveaux points chauds de transmission. La possibilité d’éliminer le paludisme durant notre génération est réelle. Mais ceci demande de nous rassembler en tant que communauté. Cela signifie que divers groupes et individus issus de secteurs variés s’unissent pour une cause commune. Nous ne saurions trop insister sur le fait que des PPP innovants ont le potentiel de réaliser de véritables progrès pour le compte de la santé mondiale, notamment pour l’éradication et l’élimination du paludisme.
Des besoins au-delà de financements
Les ressources financières ne suffisent pas à éliminer le paludisme. Nous avons besoin d’un leadership fort, d’un sentiment collectif d’urgence, d’innovation pour développer des chaines d’approvisionnement plus efficaces et des systèmes de santé plus solides. Il semble que le plus grand besoin réside dans un engagement global, régional et local du secteur privé pour honorer la promesse de mettre fin au paludisme une fois pour toute.
Nous avons vu les bénéfices de tels efforts auparavant en Inde. Considérons la réponse apportée pendant le Cyclone Fani qui a frappé l’État d’Odisha en Mai 2019 : le Cyclone Fani a provoqué l’évacuation de plus d’un million de personnes, brusquement exposées au risque du paludisme et d’autres maladies.
Au début du mois de Juillet 2019, le gouvernement d’Odisha a collaboré avec Malaria No More India pour la distribution de 35,000 moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue durée d’action (MILDAs), un don de Vestergaard au peuple de Puri, la zone la plus frappée par le cyclone. Au cours de la remise des MILDAs, l’opportunité a été saisie par les agents de santé sociale de faire la démonstration de l’utilisation, du lavage, et de l’entretien des moustiquaires. Nous avons assisté à une réponse extraordinairement coordonnée pour faire face à une dangereuse menace pour la santé. Une preuve remarquable de la valeur des partenariats public-privé. La pandémie du COVID-19 a mis en lumière la fragilité des infrastructures de santé en Inde, ainsi que dans de nombreux autres pays du monde. Le besoin de renforcer les systèmes de santé est clair. Ce besoin peut être supporté et comblé par une participation accrue du secteur privé a tous les niveaux de la lutte contre le COVID-19 : diagnostique, traitement, développement d’un vaccin, communication sur la distance sociale et les pratiques d’hygiène, etc.
Œuvrer pour mettre fin au paludisme avec les partenariats public-privé
En ce qui concerne Vestergaard, nos actions de partenariat vont au-delà de l’évènement catastrophique du cyclone. A l’occasion du World Mosquito Day 2019, Malaria No More India a lancé sa campagne “L’Inde Contre le Moustique” aux cotés des officiels gouvernementaux, du secteur privé, du secteur philanthropique, de la société civile et des représentants de Vestergaard. Cette campagne a été conçue pour susciter une prise de conscience générale sur les dangers que les moustiques posent et pour promouvoir des solutions innovantes de contrôle des moustiques et des maladies qu’ils transmettent.
L’Inde a accompli d’incroyables progrès dans sa lutte contre le paludisme. Depuis 2000, l’Inde a réduit ses cas de paludisme de près de 80% et sa mortalité d’environ 90%. En 2018, les cas de malaria ont été réduits de moitié comparé à l’année précédente. Dans l’état d’Odisha, une zone traditionnellement très impactée par le paludisme, les chiffres ont montré une baisse impressionnante de 82% entre 2017 et 2018. Une grande partie de ce succès est attribué aux distributions de masse et continues de MILDAs, ainsi qu’à l’utilisation des pulvérisations intra-domiciliaires(PID).
Malgré ces réalisations importantes, certaines régions d’Inde continuent de se battre contre des taux d’incidence palustre très élevés. Les Etats qui auparavant bénéficiaient d’une faible prévalence, tel que Uttar Pradesh, souffrent désormais d’une augmentation des niveaux d’incidence. Ceci a poussé le Gouvernement à accélérer ses efforts pour assurer l’élimination du paludisme d’ici à 2030. Dans le cadre de son Plan Stratégique National, le Gouvernement de l’Inde prévoit d’étendre la distribution de ces outils de lutte antivectorielle. L’objectif est d’assurer que toute personne à risque bénéficie de ces outils. Par ailleurs, les agents gouvernementaux comptent aborder le problème grandissant de la résistance aux insecticides qui réduit l’efficacité des MILDAs et de la PID. En ce sens, l’Inde se tourne vers les partenariats public-privé pour contribuer à l’approvisionnement d’outils innovants formant la prochaine génération qui permettra de résoudre le problème spécifique de la résistance. Vestergaard, qui représente le secteur privé, travaille d’arrache-pied à la mise au point de tels outils.
Remarques
Au cœur de la pandémie de COVID-19, nous nous devons de maintenir le cap sur le paludisme. Les deux dernières décennies ont été témoins de progrès extraordinaires. Cependant, baisser les armes de la finance, de la main d’œuvre, de l’attention portée à la cause, de la couverture en MILDAs et en tests de diagnostic rapide (TDR) , pourrait conduire à un retour au niveaux de mortalité du début des années 2000. Nous faisons des progrès et il est essentiel d’intensifier notre engagement par l’augmentation des allocations financières et des ressources humaines : dès lors nous pourrons espérer atteindre les objectifs d’élimination que nous nous sommes fixés. Nous félicitons le Gouvernement de l’Inde pour son engagement dans cette bataille. L’Inde représente une véritable balise lumineuse pour les autres pays à lourd fardeau palustre. Nous appelons aussi l’Inde à plus de clarté et de simplicité dans ses processus d’enregistrement de produit. La simplification des démarches de mise sur le marché permettra de contribuer à l’accélération du déploiement de nouveaux outils en Inde. Pour finir, nous appelons les acteurs du secteur privé qui bénéficient des ressources et des capacités à même de mettre en touche la plus ancienne maladie mortelle de l’histoire, à rejoindre le combat contre le paludisme en Inde. Ce sont les partenariats renforcés qui seront en mesure de mettre un terme au paludisme en Inde une fois pour toute.