COVID-19 et paludisme : Questions-Réponses avec Margaret Reilly McDonnell de Nothing But Nets
Pourquoi faire appel à des experts externes ? Ces spécialistes offrent une excellente dynamique de partage des savoirs, ils développent notre capacité à enrichir nos objectifs fondamentaux et affinent notre expertise en inspirant de nouvelles perspectives. Leurs savoirs faire pointus facilitent la création de liens entre différents domaines de connaissance.
Nothing But Nets est une campagne populaire mondiale destinée à sensibiliser, lever des fonds et donner de la voix à la lutte contre le paludisme. Dans ce premier questions-réponses, Margaret McDonnell, Directrice Générale de Nothing But Nets, met en lumière les préoccupations grandissantes que soulève le COVID-19 quant à la progression du paludisme, les raisons pour lesquelles nous devons impérativement maintenir et intensifier la lutte contre le virus et le parasite, et les mesures pouvant être prises pour préserver l’avancée réalisée dans l’éradication du paludisme.
Attention : La perspective exprimée par l’auteur ne reflète pas nécessairement l’opinion, la vision et la politique officielle de Vestergaard PermaNet®.
Pourquoi est-il important de lutter simultanément contre le paludisme et le COVID-19 ?
Il est absolument nécessaire que nous luttions à la fois contre le paludisme et le COVID-19 si nous ne voulons pas risquer de perdre du terrain sur 20 ans de progrès contre le paludisme. D’après les modélisations de l’OMS, une interruption prolongée des programmes de lutte due à la pandémie – notamment les campagnes de distributions de moustiquaires imprégnées d’insecticide à longue-durée d’action et l’accès aux traitements antipaludiques – pourrait MULTIPLIER PAR DEUX le nombre de morts imputables au paludisme en 2020, le portant à 800 000. Des chefs d’États et dirigeants communautaires aux bailleurs, des partenaires du secteur privé aux opérateurs, nous nous devons tous d’agir MAINTENANT pour adapter et exécuter les programmes et ainsi continuer à sauver le plus de vies possible. Pour plus d’informations, cliquez ici. Vous y trouverez, entre autres, des liens renvoyant aux directives détaillées de l’OMS pour aider les pays impaludés à adapter leurs interventions et leur gestion des cas au contexte COVID-19.
Comment les États adaptent-ils leur distribution de moustiquaires (MILDAs) ?
L’OMS appelle les États à ne réduire NI leur prévention, NI leur dépistage, NI leurs traitements et les encourage à mettre en place de nouvelles approches adaptées au contexte du COVID-19 afin de protéger les agents de santé et les communautés . Par ailleurs, comme indiqué dans les lignes directrices cocréées par l’Alliance pour la Prévention du Paludisme et le Partenariat RBM Pour en Finir avec le Paludisme, « bien que le COVID-19 implique aujourd’hui la mise en place d’approches flexibles et innovatrices pour distribuer les MILDAs (moustiquaires), les programmes et partenariats nationaux de lutte contre le paludisme ne doivent en aucun cas reporter ou suspendre leurs activités de lutte antivectorielle, campagnes de distribution de MILDAs comprises. » Ces directives encouragent également les programmes à respecter les recommandations pré-COVID-19 concernant les bonnes pratiques en matière de logistique, de gestion des chaines d’approvisionnement et de production des MILDAs.
De fait, les campagnes de distribution de moustiquaires sont actuellement en cours d’adaptation, afin qu’elles puissent respecter les protocoles de sécurité adoptés en réponse au COVID-19. Il s’agit ici d’éviter les grands rassemblements de personnes en mettant en place un système de distribution en porte-à-porte plutôt que des points de distribution centraux, comme cela a été fait au Bénin. Des mesures certes plus onéreuses que les approches traditionnelles, mais nécessaires pour prévenir les conséquences dramatiques qu’induirait le report des interventions.
Quelles sont les nouvelles sur le terrain ?
Le Fonds Mondial de Lutte contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme (Le Fonds Mondial) a récemment publié une étude qui démontre que la pandémie du COVID-19 a provoqué une interruption généralisée des services de santé avec un impact direct sur les trois quarts des programmes SIDA, Tuberculose et Malaria. Cette étude qualitative met en lumière les problèmes au niveau du dépistage et de la détection du paludisme, l’annulation ou le report des activités de prévention, ou encore la réaffectation des personnels de laboratoire et des agents de santé en direction des activités de lutte contre le COVID-19. Avec comme conséquence, une interruption des services de santé liés au paludisme chiffrée à 73%, dont 19 % qualifiée de forte et très forte interruption.
Bien que ces conclusions soient inquiétantes, il est toutefois rassurant de constater que les programmes nationaux s’efforcent de s’adapter et innovent pour que les distributions de moustiquaires soient maintenues. Vous retrouverez le statut d’un grand nombre d’interventions antipaludiques effectuées, en cours ou programmées dans le Suivi par Pays pour Réduire l’Impact du Covid-19 sur le Paludisme, créé par le Partenariat RBM Pour En Finir avec le Paludisme.
Quel est le rôle des partenaires/bailleurs de fonds comme PMI ou le Fonds mondial dans la lutte contre le COVID-19 et le paludisme ?
Les partenaires comme le Fonds Mondial ont très concrètement renforcé leur assistance pour accompagner les efforts des pays. Un financement d’urgence d’un montant d’un milliard de dollars a été mis en place afin d’aider les pays à lutter contre le COVID-19, réduire les impacts sur les programmes vitaux du SIDA, de la Tuberculose et du Paludisme, et empêcher ainsi d’assister à la saturation des systèmes de santé déjà fragilisés. Sous l’égide de l’OMS, le Fonds Mondial met à profit son expérience collaborative avec les partenaires et les gouvernements de plus d’une centaine de pays, pour coordonner les actions à l’échelle mondiale. Cette riposte financière du Fonds Mondial s’effectue à travers deux mécanismes principaux : 1) Une enveloppe de 500 millions de dollars mise à disposition par la provision de flexibilité des allocations du Fonds Mondial qui permet aux pays d’utiliser jusqu’à 5% de leur subvention en cours et 2) Une enveloppe supplémentaire de 500 millions de dollars accordée par le Mécanisme de Réponse COVID-19, un financement accessible pour soutenir les mesures urgentes de renforcement des systèmes communautaires et des systèmes de santé dans le cadre de la mitigation des effets COVID-19 sur les programmes SIDA, Tuberculose et Paludisme.
Par ailleurs, l’Initiative présidentielle des États – Unis contre le paludisme (PMI), en première ligne dans le combat contre le COVID-19, joue un rôle capital. En collaborant étroitement avec les pays pour prévenir et lutter contre le paludisme à travers des opérations majeures (distributions de moustiquaires, campagnes de pulvérisations d’insecticide à effet rémanent à l’intérieur des habitations et dispensations de traitements antipaludiques), PMI contribue à diminuer la pression globale exercée sur les systèmes de santé. Les actions menées par l’Initiative pour renforcer les systèmes de santé face au paludisme, aident également les pays à développer les capacités et ressources nécessaires pour parer à d’autres menaces et urgences sanitaires, comme le COVID-19. Comme l’a souligné le Dr Ken Staley, Coordinateur général américain de la lutte contre le paludisme, dans sa déclaration pour la journée mondiale du paludisme, PMI a créé un guide technique destiné aux pays et programmes partenaires avec l’objectif de développer et perfectionner leurs approches pour qu’ils puissent continuer à mettre en œuvre des opérations efficaces pendant la pandémie de COVID-19. Dans son message, le Coordinateur a également rappelé le rôle de PMI dans le développement de directives générales contre le paludisme ainsi que sa collaboration avec des fondations et plateformes comme le Fonds mondial et le Partenariat RBM Pour En Finir avec le Paludisme, pour garantir une assistance robuste et coordonnée aux pays endémiques.
PMI et le Fonds mondial s’associent également pour pallier l’impact du COVID-19 sur les chaines d’approvisionnement : ensemble, ils identifient les produits et commandes affectés, priorisent les besoins des pays impaludés, et travaillent avec les fournisseurs pour assurer la livraison de produits antipaludiques vitaux dans les zones touchées. Conscients que la plupart des systèmes utilisés pour la prévention et les traitements antipaludiques sont identiques aux systèmes nécessaires pour lutter contre le COVID-19, PMI et le Fonds mondial investissent sur les plateformes préexistantes de lutte contre le paludisme, permettant d’apporter aux pays un soutien supplémentaire et de protéger le personnel de santé, les patients et les communautés des risques du COVID-19.
Quelles sont les actions menées par Nothing But Nets pour garantir la distribution de moustiquaires ?
La campagne Nothing But Nets de la Fondation pour les Nations Unies est fière de compter parmi les défenseurs et partenaires de longue date d’institutions comme l’OMS, le Fonds mondial, PMI, l’Alliance pour la Prévention du Paludisme ou le Partenariat RBM Pour en Finir avec le Paludisme, qui assistent les programmes de lutte contre le paludisme sur les plans technique, évolutif et exécutif dans le cadre du COVID-19. Nous nous appliquons aujourd’hui plus que jamais à plaider la cause aux États-Unis, afin de lever davantage de fonds solides à destination de PMI et du Fonds mondial. Sécurisées via l’allocation budgétaire de l’exercice 2021 et les projets de loi budgétaires adoptés par le gouvernement américain en conséquence de la pandémie de COVID-19, ces ressources seront utilisées pour garantir le bon déroulement d’opérations antipaludiques comme les distributions de moustiquaires, et pour permettre aux programmes de s’adapter, de perdurer et de sauver des vies, tout en renforçant l’ensemble des systèmes de santé.
Nous travaillons avec les partenaires du secteur privé comme Vestergaard, qui s’est engagé sur le long terme à concevoir des outils innovants et efficaces face au paludisme. Nous nous efforçons d’encourager les partenaires du secteur privé à rejoindre ou poursuivre le combat à nos côtés et à proposer leurs services dans leur domaine d’expertise, en vue de renforcer les programmes de lutte. En collaboration permanente avec nos partenaires de l’OMS et de l’ONU (comme le HCR, l’UNICEF et l’OPS), nous soutenons ensemble les programmes protégeant les populations les plus vulnérables – notamment les réfugiés et déplacés internes. Par exemple, nous travaillons actuellement en partenariat avec l’Initiative MENTOR et SC Johnson, sur un projet conçu pour fournir des kits désinfectants aux établissements de santé dans l’État de Borno, au Nigéria : il s’agit ici d’assurer le maintien de prestations sanitaires essentielles, comme la gestion des cas de paludisme, dans le cadre du COVID-19.
Comment les entreprises privées et les particuliers peuvent-ils soutenir la cause ?
Les partenaires du secteur privé jouent un rôle clé dans la lutte contre le paludisme : ils assurent la poursuite et l’avancée du combat, tout en veillant à limiter l’impact du COVID-19 sur les programmes. Comment ? En s’engageant à développer et produire des produits et outils innovants, en partageant leur savoir et expertise sur les chaines d’approvisionnement et la gestion logistique, et en partageant leur engagement auprès de responsables politiques et décisionnaires influents pour que ceux-ci puissent prendre conscience de l’importance du secteur privé dans la lutte contre le paludisme, ainsi que de l’importance économique d’investir dans la lutte.
En tant que particulier, vous pouvez agir en sensibilisant votre entourage, en faisant un don ou en plaidant la cause auprès de votre gouvernement pour lui témoigner votre implication. Pour plus d’informations quant à la manière dont vous pouvez agir, rendez-vous sur le Partenariat RBM Pour en Finir avec le Paludisme, Zero Palu ! Je m’engage, et Nothing But Nets.