Questions-réponses avec Olivia Ngou, de CS4ME

Olivia Ngou est cofondatrice et coordinatrice internationale de Civil Society for Malaria Elimination, (CS4ME), la Société Civile pour l’Elimination du Paludisme. CS4ME est une plate-forme internationale de 280 organisations de la société civile dans 43 pays qui s’engagent pour faire disparaître le paludisme. Olivia est titulaire d’un Master en santé publique et a été activement impliquée dans divers domaines de la santé publique, avec un accent particulier sur la lutte contre le paludisme et la santé maternelle et infantile. Olivia dirige également une ONG locale composée de femmes, Impact Santé Afrique, et a reçu les Reach Awards 2019 pour le domaine de la santé.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas le point de vue de Vestergaard ou de PermaNet®.

Porquoi la voix de la société civile est-elle importante dans la prévention du paludisme ?

Les organisations de la société civile (OSC) ont un rôle essentiel dans la prévention du paludisme. La société civile peut garantir que les interventions déployées pour la prévention du paludisme répondent aux besoins des communautés touchées par cette maladie, et atteignent pleinement les communautés dans toute leur diversité, peu importe où elles se trouvent.

Les OSC, si elles sont engagées dans la conception, la mise en œuvre et le suivi des stratégies, outils et programmes de prévention, peuvent contribuer à accroître l’efficacité de ces stratégies de prévention : en s’assurant que les outils sont adaptés aux besoins locaux, que les communautés les utilisent correctement et qu’aucun groupe ne soit oublié ; Les OSC sont également capables d’aider la surveillance des problèmes ou effets secondaires. Il est important de prendre en compte les commentaires des communautés touchées par le paludisme et d’utiliser ces informations pour améliorer les stratégies et les outils.

L’implication de la société civile aide également à former des bases solides pour la lutte contre le paludisme au niveau des pays, afin d’accroître l’engagement politique, d’orienter les politiques et de soutenir la mobilisation des ressources nationales pour financer la prévention du paludisme.

Quel rôle joue CS4ME ?  Pouvez-vous citer un cas concret illustrant le travail que l’organisation accomplit ?

CS4ME rassemble des acteurs de la société civile dans la lutte contre le paludisme, venant de divers pays touchés par la maladie, pour plaider conjointement et accroître les voix dans la lutte pour l’élimination du paludisme. Plus précisément, nous visons à rendre les programmes et interventions de lutte contre le paludisme plus efficaces, durables, équitables, innovants, inclusifs envers la société civile, centrés sur la communauté, basés sur les droits de l’homme, inclusifs en matière de genre et financés de manière appropriée. Certains de nos principaux objectifs sont :

  • Relier les associations locales et autres, les ONG et les communautés affectées ou à risque de paludisme sur une seule plateforme, renforcer leurs capacités et permettre la collaboration et la coordination Sud-Sud * (*La collaboration Sud-Sud fait référence aux partenariats et à l’échange d’expertise locale entre pays et entre OSC du sud du globe, souvent entre pays à revenu faible et intermédiaire) ;  
  • Promouvoir la participation des organisations de la société civile et des communautés locales, au-delà de la prestation de services, en tant qu’acteurs dans les processus de prise de décision, l’élaboration de stratégies et de programmes, le suivi et l’évaluation, la recherche, afin de compléter et de renforcer la lutte et l’élimination du paludisme, et de contribuer aux objectifs de développement durable (ODD) ;
  • Promouvoir et sécuriser les programmes communautaires et renforcer le sentiment d’urgence pour l’élimination du paludisme et pour l’accès universel aux outils existants et leur utilisation efficace.
  • Plaider pour un financement suffisant des programmes de lutte contre le paludisme pour atteindre l’élimination

Récemment, les membres du CS4ME ont participé activement à l’élaboration des notes conceptuelles pour le Fonds mondial de lutte contre le paludisme, assurant l’engagement de la communauté, une participation égalitaire en termes de genre, ainsi que l’ajout de stratégies spécifiques pour atteindre les groupes à haut risque.

Comment le rôle de la société civile a-t-il changé depuis le COVID-19 ?

Notre rôle a gagné en importance. Avec la menace COVID-19, notre rôle est devenu primordial, car il est nécessaire de s’assurer que le paludisme reste une priorité et ne soit pas oublié. De nombreuses personnes souffriront ou mourront du paludisme lors d’une crise sanitaire où les centres de santé sont perturbés, où la fièvre est un stigmate, où l’automédication augmente et où la fréquentation des centres de santé diminue. En conséquence, le CS4ME sensibilise activement non seulement les dirigeants et les décideurs, mais également les membres de la communauté, sur l’importance de la prévention du paludisme, du diagnostic et du traitement rapides.

Comment CS4ME réagit-il à l’impact du COVID sur le paludisme ?

Les membres du CS4ME ont lancé une campagne de lutte contre le paludisme pour rappeler aux dirigeants qu’il faut assurer la continuité des services de lutte contre le paludisme et la pleine protection du personnel de santé des communautés pendant la pandémie de COVID-19. Cela s’est fait via les engagements des médias de la société civile tels que RFI, FRANCE 24, AFRICA 24, les médias locaux, des déclarations, des lettres aux dirigeants et partenaires locaux et la campagne sur les réseaux sociaux #thefightmustcontinue. En Côte d’Ivoire, la société civile a demandé aux dirigeants de fournir des mises à jour sur le COVID-19 en plus d’inclure des mises à jour sur le paludisme, après qu’une de ses enquêtes a montré l’impact du paludisme pendant la pandémie de COVID-19. Au Cameroun, les OSC ont développé des supports de communication pour sensibiliser à la fois au COVID-19 et au paludisme.

Quels conseils donneriez-vous à tous ceux qui essaient de maintenir leur engagement dans la lutte contre le paludisme aujourd’hui ?

Nous devons atténuer les risques du COVID-19 sur le paludisme. Sinon, nous risquons de nous retrouver dans une situation où nous aurons une forte augmentation des décès dus au paludisme dans le monde. Nous devons protéger les acquis de la lutte contre le paludisme et nous devons garantir que les vies des personnes à risque et des personnes touchées par cette maladie restent protégées.

Les moustiques n’attendront pas la fin du COVID-19. Au lieu de cela, ils continueront à piquer et le paludisme frappera plus fort. Le paludisme peut être évité et traité. Si nous voulons protéger la vie de nos amis, collègues, enfants, parents, conjoints, nous devons continuer à sensibiliser pour garantir que le paludisme ne soit pas oublié.

Mes Conseils:

  • Documentez-vous ou engagez-vous avec les communautés pour en savoir plus sur les problèmes et interruptions des services, ou l’effet du COVID-19 sur le paludisme et les effets du paludisme sur les femmes enceintes, les enfants et autres.
  • Continuer à sensibiliser au danger du paludisme via les réseaux sociaux, les médias grand public, les dirigeants locaux, les membres de la communauté, etc.
  • Il faut maintenir mais aussi augmenter votre propre engagement et investissement dans la lutte contre le paludisme pour protéger les acquis et sauver des vies.
  • Nous devons nous unir pour lutter. Votre contribution à ce combat est essentielle.
  • À l’heure actuelle, nous devons nous unir dans la solidarité pour lutter non seulement contre le COVID-19, mais aussi pour garantir que les services de lutte contre le paludisme et d’autres services de santé essentiels ne sont pas perturbés.